jeudi 3 mai 2012

La soupente - 15 mars 2012

Tout a commencé par un traumatisme crânien. Enfin, un léger traumatisme crânien, soyons honnêtes. Mais un trauma crânien quand même. Rien de moins.

En effet, un dimanche matin de mars, traînant des mois de fatigue et des semaines de nez dans le cul, alors que j’allais faire ma valise pour rentrer chez moi, aux Pays-Bas, après un week-end en France auprès d’une grande tante seule et malade, je me suis cognée la tête.
La vérité, c’est que je me suis explosée la tête, mais je ne veux pas tout de suite exposer mes tendances à l’exagération de fille du Sud. Donc, on reprend ; je me suis cognée la tête. Contre une soupente.
Oui, là, je sais, je suis carrément ridicule. Tant pis. J’assume.
Je vous passe les détails de l’homme courant sous mes ordres super clairs ;
-          « rose » traduction : « donne-moi le tube de crème à l’arnica qui se trouve dans la trousse de toilette rangée dans le meuble de salle de bain »
-          « noir et jaune » traduction : « putain je saigne, laisse tomber l’arnica et aboule la trousse noir et jaune qui se trouve dans le sac à langer posé à côté du canapé en bas dans le salon pour récupérer désinfectant et compresses »
-          « sucre » traduction : « j’ai vu du sang, je suis en train de tourner de l’œil, envoie le sucre que tu trouveras dans un carton (je vous rappelle que nous étions sur le départ) en bas dans la cuisine ».
Jusque là, la situation était sous contrôle.
Les dents serrées, j’ai fini les préparatifs, fait 5 heures de route (sans appuyer la tête sur le bien nommé « appui-tête » mais en me retournant minimum 40 fois pour ramasser le doudou, donner à boire, re-ramasser le doudou, faire coucou, re-re-ramasser le doudou, donner à manger, re-re-re-ramasser le doudou) et je me suis convaincue que mon mal de cœur était le mal des transports et mes maux de tête étaient dus aux émotions du week-end en compagnie de la grande tante.

Lundi matin, j’étais sur le point d’avaler deux paracétamols avec mon sucre au café (non, il n’y a pas de faute de frappe) avant de partir bosser, lorsque l’homme m’a demandé si je pensais aller travailler dans cet état.
Quel état ?
Il m’affirmait que je n’avais pas l’air, enfin qu’il me voyait là… bref, je ne pouvais pas aller bosser dans cet état.
Quelques coups de fil plus tard, assise face à mon calme puisque batave docteur, le verdict tombait : léger traumatisme crânien.
Autant certaines personnes sont hypocondriaques, et bien moi, c’est le contraire, je refuse de voir que je suis malade. J’ai donc reçu la nouvelle avec la même distance que le jour où une légère toux depuis quelques semaines s’avérait être une pneumonie, et un genou vaguement douloureux mais super gonflé après une chute de ski, une fracture du plateau du tibia.
Tellement peu consciente du sérieux de la situation, j’ai même demandé – connement n’ayons pas peur du mot – si je pouvais aller courir. Avec sa patience habituelle, le généraliste m’a fait comprendre qu’il fallait attendre la disparition de tous mes symptômes pour reprendre l’entraînement. Derrière son professionnalisme, je pense qu’il m’a cataloguée directos « cinglée ». En même temps, à mon corps défendant, n’oublions pas que je m’étais pris 24 heures plus tôt un sacré pète au casque.

Une fois réglée la logistique (vidage d’agenda, remplissage de frigo, gardage des enfants) me voilà enfin sur mon canapé, avec mes 3 téléphones, mon thé vert, ma bouteille d’eau et mes 5 télécommandes.
Tout d’abord, les télécommandes ne sont venues qu’envahir ma charmante mais minuscule table basse. La télé et la musique m’étaient insupportables.
L’homme a ensuite échappé de justesse à un homicide ; voulant bien faire, il me donnait des coups de marteau sur la tête. Traduire : il remplissait le lave-vaisselle.
Enfin seule, j’ai démonté le réveil dont le tic-tac m ‘agressait et j’ai enfin pu profiter du doux chant d’un merle bavard.

Pas longtemps.
Non pas que j’ai voulu lui aussi lui démonter les piles ou l’étrangler. C’est plutôt qu’un mot venait me harceler : Pourquoi ? Poooouuuuurquoioioioi ? Pourquoi ?
Pourquoi me suis-je cognée la tête ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi mon inconscient m’envoie t’il des signes ?
Vous pouvez rigoler, mais dans ce genre de situation, j’oublie mon côté cartésien et je crois au psy-cho-so-ma-tique. Je crois que le corps parle. J’ai réfléchi un peu. Histoire de. Mais j’ai rapidement arrêté de faire mon intéressante (je n’avais de toute manière pas de public) et j’ai écouté. J’ai entendu un nouvel appel du stylo. Mon corps me demandait plus de nourriture culturelle, plus de lecture, plus d’écriture. Tout de suite, maintenant, il voulait bouffer des mots et du papier.
J’ai décidé de l’écouter.

Alors à côté d’une dizaine de nouvelles qui attendent une dizaine de copines pour pouvoir s’appeler un recueil et d’un roman sur lequel je travaille depuis presqu’une année et qui avance à une lenteur désespérante, j’ai envie aussi de partager dans l’immédiateté mes pensées et mes expériences d’expatriée  aux Pays-Bas. J’ai envie de parler de ces deux cultures que j’aime : la française et la néerlandaise.

D’où l’ouverture aujourd’hui de ce blog.
Tout ça à cause d’une soupente.

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